03 janvier 2013

Au delà du bout du monde... / Beyond the edge of the world...

Quand j'ai annoncé à mon papa que j'allais en Antarctique, il m'a demandé : "Mais pourquoi payer autant pour voir des glaçons géants ?" Vu de cette manière, c'est sûr que ça n'a pas l'air très réjouissant. Malheureusement pour mon portefeuille, le Lonely Planet avait un avis différent. C'est donc un petit cadre anodin au titre poétique "Au-delà du bout du monde" qui m'a convaincue : "C'est hors de prix, mais ça vaut chaque centime dépensé". Lorsqu'on a un budget de 30 euros par jour, c'est certain qu'une croisière à plus de 350 euros par jour, ça fait réfléchir. Mais on ne vit qu'une fois et jamais plus je n'allais être si proche du continent blanc.



Après cinq jours passés à Ushuaïa, j'embarque donc le 23 décembre à bord de l'Ortelius, où je découvre avec surprise lors du cocktail de bienvenue que la moyenne d'âge des passagers est de 30 ans (et non 60, comme je l'avais imaginé...). Après deux jours de navigation sans terre en vue, où mon corps ne réclamait que sommeil et nourriture (effets secondaires des médicaments contre le mal de mer), nous apercevons, excités comme des gamins, notre premier iceberg, complètement isolé. Ce n'est que le lendemain, au petit matin, qu'on découvre, encore à moitié endormis, le "désert de glace". Devant nous, à perte de vue, des montagnes rocheuses enneigées et des "glaçons géants". Pendant les quatre jours suivants, ce panorama allait être notre décor quotidien...

Comment décrire ce décor, les couleurs, les bruits, ces quatre jours riches en émotions et rencontres... Irréel est sans doute l'adjectif le plus approprié. À plusieurs reprises, alors qu'on avançait lentement et en silence dans une mer "miroir", parsemée d'icebergs et bordée de montagnes et de glaciers en partie cachés par le brouillard, on se serait cru dans un film Disney, ce monde imaginaire et féérique, loin de toute réalité. De temps en temps, une explosion se faisait entendre : une avalanche dévoilait la vraie couleur de la glace, ce bleu ciel lumineux, presque fluo, la même couleur que la partie cachée des icebergs, qu'on pouvait facilement deviner sous cette eau transparente. Cette mer qui abrite une nature sauvage extraordinaire : des baleines, des phoques et des pingouins peu farouches.

Je pourrais écrire des pages entières sur l'Antarctique. Mais la vérité, c'est qu'aucun mot, aucune photo, ne pourra jamais rendre compte fidèlement des sensations vécues face à cette nature et ces paysages (presque) vierges de l'empreinte des hommes ; les rencontres exceptionnelles et les amitiés naissantes. Le Lonely Planet avait raison, je ne regrette pas un centime dépensé. Il n'y avait pas de meilleure manière de terminer cette incroyable année 2012.
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When I told my dad that I was going to Antarctica, he asked me: "Why pay so much to see giant ice?" From that perspective, it indeed did not seem very exciting. Unfortunately for my wallet, the Lonely Planet had a totally different point of view. It is thus an innocent small frame with a poetic title "Beyond the edge of the world" that convinced me: "It is prohibitively expensive, but worth every penny". With a daily budget of 30 euro, a cruise at 350 euro per day literally blows your budget. But we have one life and I was never again be so close to the White Continent.

After five days in Ushuaia, I embarked on 23 December on board the Ortelius, where I was gladly surprised to discover during the welcome cocktail that the average age was 30 (and not 60 as I had imagined...). After two days of navigation in open sea, where my body was only asking for sleep and food (effect from the seasickness pills), we saw, excited like children, our first, isolated, iceberg. But it is only on the next day, at dawn, that we discovered, still half asleep, the "ice desert". In front of us, endless snow-capped rocky mountains and "giant ice". For the next four days, this scenery was going to be our daily environment.

How can I possibly describe this scenery, the colors, the noises, these four days full of emotions and great encounters... Unreal seems to be the most appropriate word. Many times, as we were navigating, slowly and silently, on these "mirror" waters, scattered with icebergs and surrounded by mountains and glaciers partially hidden by the mist, we could feel like in a Disney movie, this imaginary and magical world, far away from any kind of reality. From time to time, we could hear an explosion: an avalanche was revealing the true color of ice, a bright light blue, almost fluorescent, the same color as the hidden part of icebergs, which we could see below the crystal clear waters. These waters that are the home of an extraordinary wildlife: whales, seals and penguins, not shy at all.

I could write pages and pages on Antarctica. But in reality, there is no word, no picture that can give justice to the emotions felt in front of this pristine wildlife and landscapes; the amazing encounters and new friendships. The Lonely Planet was right, I don't regret any penny spent. There was no better way to end this incredible year 2012!

2 commentaires :

  1. Counson Philippe03/01/2013 22:22

    Texte magnifique dans lequel on sent l'émotion teintée de bonheur !

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    1. Merci beaucoup ! Ca fait vraiment plaisir de savoir qu'on suit mes aventures et qu'on apprécie ce que j'écris car je mets beaucoup de temps à les écrire.

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